Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/470

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Le parti girondin tranche toute la question par ces mots : Toucher aux propriétés, qu’elles soient féodales ou bourgeoises, c’est faire œuvre de « niveleur », de « fauteur de désordre », d’« anarchiste ». Les gens de cette sorte doivent être tout bonnement exterminés.

« Les désorganisateurs, avant le 10 août, étaient de vrais révolutionnaires », écrit Brissot, « car il fallait désorganiser pour être républicain. Les désorganisateurs aujourd’hui sont de vrais contre-révolutionnaires, des ennemis du peuple ; car le peuple est maître maintenant… Que lui reste-t-il à désirer ? La tranquillité intérieure, puisque cette tranquillité seule assure au propriétaire sa propriété, à l’ouvrier son travail, au pauvre son pain de tous les jours, et à tous la jouissance de la liberté. » (Pamphlet du 24 octobre 1792.)

Brissot ne comprend même pas qu’à cette époque de disette, où le prix du pain montait jusqu’à six et sept sous la livre, le peuple pût demander une taxe pour fixer le prix du pain. Il n’y a que les anarchistes qui puissent le faire (p. 19).

Pour lui et pour toute la Gironde, la Révolution est terminée, après que le Dix-Août a porté leur parti au gouvernement. Il ne reste plus qu’à accepter la situation, à obéir aux lois politiques que va faire la Convention. Il ne comprend même pas l’homme du peuple qui dit que puisque les droits féodaux restent, puisque les terres n’ont pas été rendues aux communes, puisque dans toutes les questions foncières c’est le provisoire qui règne, puisque le pauvre supporte tout le fardeau de la guerre, — la Révolution n’est pas terminée, et que l’action révolutionnaire seule peut l’achever, vu l’immense