Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/480

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et le pouvoir exécutif au milieu d’une population moins révolutionnaire que celle de Paris, et plus indolente pour la cause publique. Ainsi faisait la royauté au Moyen Âge, lorsqu’elle préférait une ville naissante, une « ville royale », aux vieilles cités accoutumées au forum. Thiers voulut faire de même en 1871[1].

Par contre, dans tout ce qu’ont fait les Girondins, ils se sont montrés tout aussi centralisateurs et autoritaires que les Montagnards. Plus, peut-être ; puisque ceux-ci, quand ils allaient en mission dans les provinces, s’appuyaient sur les Sociétés populaires, et non sur les Conseils de département ou de district. Si les Girondins firent appel aux provinces contre Paris, ce fut pour lancer contre les révolutionnaires de Paris, qui les avaient chassés de la Convention, les forces contre-révolutionnaires de la bourgeoisie des grandes villes commerçantes et les paysans révoltés de la Normandie et de la Bretagne. Lorsque la réaction eut vaincu, et que les Girondins revinrent au pouvoir après le 9 thermidor, ils se montrèrent, comme il sied à un parti de l’ordre, bien plus centralisateurs que les Montagnards.

M. Aulard, qui parle longuement du « fédéralisme » des Girondins, fait cependant cette remarque très juste, qu’avant l’établissement de la République aucun des Girondins n’exprima des tendances fédéralistes. Barbaroux, par exemple, est nettement centralisateur, et il s’exprime ainsi devant une assemblée des Bouches-du-

  1. Quand les Girondins parlèrent de réunir, à Bourges, des commissaires de départements, « on ne s’en serait pas tenu à cette translation, » dit Thibaudeau dans ses Mémoires. « Il se fût formé une seconde Convention ».