Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/482

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les raisons personnelles. Cette cause, Louis Blanc lui-même l’a parfaitement entrevue, lorsqu’il a reproduit, d’après Garat, le langage que la Gironde tenait à la Montagne, et la réplique de la Montagne à la Gironde :

« Ce n’est pas à vous, disait la Gironde, de gouverner la France, à vous, couverts de tout le sang de septembre. Les législateurs d’un riche et industrieux empire doivent regarder la propriété comme une des bases les plus sacrées de l’ordre social ; et la mission donnée aux législateurs de la France ne peut être remplie par vous, qui prêchez l’anarchie, qui patronnez les pillages, qui épouvantez les propriétaires… Vous appelez contre nous tous les sicaires de Paris : nous appelons contre vous les honnêtes gens de Paris. »

C’est le parti des propriétaires, des « honnêtes gens » qui parle, — de ceux qui massacrèrent plus tard le peuple de Paris, en juin 1848, en mai 1871 ; qui appuyèrent le coup d’État en 1851, et qui sont prêts aujourd’hui à recommencer.

À quoi la Montagne répondait :

« Nous vous accusons de vouloir faire servir vos talents à votre élévation, et non pas au triomphe de l’Égalité… Tant que le roi vous a laissés gouverner, par les ministres que vous lui donniez, il vous a paru assez fidèle… Votre vœu secret ne fut jamais d’élever la France aux magnifiques destinées d’une république, mais de lui laisser un roi dont vous auriez été les maires du palais. »

On verra combien cette dernière accusation était juste lorsqu’on trouvera Barbaroux dans le Midi et Louvet en Bretagne, marchant la main dans la main