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Autrichiens. En tout cas, cette marche servit les Autrichiens à merveille. Le 1er mars, ils entraient en Belgique et s’emparaient de Liège, dont les habitants avaient vainement demandé des armes à Dumouriez. Les patriotes liégeois étaient forcés de fuir, et l’armée française était en pleine déroute, débandée — les généraux ne voulaient pas s’entr’aider et Dumouriez étant loin, en Hollande. Les Autrichiens ne pouvaient être mieux servis.

On comprend l’effet que cette nouvelle produisit à Paris, d’autant plus qu’elle était suivie d’autres nouvelles, également graves. Le 3 mars on apprenait qu’un mouvement contre-révolutionnaire devait commencer incessamment en Bretagne. En même temps, à Lyon, les bataillons révolutionnaires des « Fils de famille » faisaient, nous l’avons vu, un mouvement contre la Commune révolutionnaire — juste au moment où les émigrés, réunis à Turin, passaient la frontière et entraient en armes en France, avec l’appui du roi de Sardaigne. Enfin, le 10 mars, se soulevait la Vendée. Il était de toute évidence que ces divers mouvements faisaient, comme en 1792, partie d’un vaste plan d’ensemble des contre-révolutionnaires ; et tout le monde se doutait bien à Paris que Dumouriez, gagné à la contre-révolution, travaillait pour elle.

Danton, qui était à ce moment en Belgique, fut rappelé en toute hâte. Il arriva à Paris, le 8 mars, prononça un de ses puissants appels à la concorde et au patriotisme, qui faisaient vibrer les cœurs, et la Commune arborait de nouveau le drapeau noir. De nouveau la patrie était déclarée en danger.

Les volontaires s’enrôlaient en toute hâte, et le 9, au