Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/524

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frappât les contre-révolutionnaires de terreur. Elles voulaient, après avoir soulevé le peuple, tuer les principaux Girondins. On parlait même d’égorger dans Paris les aristocrates. Mais ce plan rencontrait une forte opposition. La représentation nationale était un dépôt confié au peuple de Paris : comment pouvait-il trahir la confiance de la France ? Danton, Robespierre et Marat s’y opposèrent résolument. Le Conseil de la Commune et le maire Pache, ainsi que le Conseil du département, refusèrent d’accepter ce plan ; les sociétés populaires ne lui donnèrent pas leur appui.

Il y avait aussi autre chose. Il fallait compter avec la bourgeoisie qui était déjà, à cette époque, nombreuse à Paris, et dont les bataillons de gardes nationaux auraient écrasé l’insurrection s’il s’était agi de défendre les propriétés. Il fallait leur garantir qu’on n’y toucherait pas. C’est pourquoi, aux Jacobins, Hassenfratz, qui déclara n’avoir rien, en principe, contre le pillage des scélérats — c’est ainsi qu’il appelait les riches, – chercha néanmoins à empêcher que l’insurrection fût accompagnée de pillage. — « Il y a cent soixante mille hommes domiciliés, qui sont armés et en état de repousser les voleurs. Il est clair qu’il y a impossibilité absolue d’attenter aux propriétés », disait Hassenfratz aux Jacobins ; et il invitait tous les membres de cette société à « prendre l’engagement de périr plutôt que de laisser porter atteinte aux propriétés. »

Le même serment fut prêté dans la nuit du 31 à la Commune, et même à l’Évêché, par les « Enragés ». Les sections firent de même.