Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/525

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Une nouvelle classe de propriétaires bourgeois se constituait en effet à cette époque, — classe dont le nombre a si immensément grandi dans le courant du dix-neuvième siècle, — et les révolutionnaires se virent forcés de la ménager, pour ne pas l’avoir contre soi.

La veille d’une insurrection, on ne sait jamais si la masse du peuple se lèvera, ou non. Cette fois-ci, il y avait aussi la crainte que les éléments extrêmes n’allassent jusqu’à tuer les Girondins dans la Convention et que Paris ne fût ainsi compromis dans les départements. Trois jours se passèrent donc en pourparlers, jusqu’à ce qu’il fût convenu que l’insurrection serait dirigée par l’ensemble des éléments révolutionnaires : le Conseil de la Commune, le Conseil du département et le Conseil général révolutionnaire de l’Évêché ; qu’aucune violence ne serait commise sur les personnes ; et que l’on respecterait les propriétés. On se bornerait à une insurrection morale, à une pression sur la Convention que l’on forcerait à livrer les députés coupables au tribunal révolutionnaire.

Ce mot d’ordre, Marat, sortant de la Convention, le développa le soir du 30, à l’Évêché et ensuite à la Commune. À minuit, c’est lui, paraît-il, qui bravant la loi qui punissait de mort celui qui sonnerait le tocsin, mit le premier en mouvement le beffroi de l’Hôtel de Ville.

L’insurrection commençait. Des délégués de l’Évêché, centre du mouvement, déposèrent d’abord, comme on l’avait fait au 10 août, le maire et le Conseil de la Commune ; mais au lieu de séquestrer le maire et de nommer un autre Conseil, ils réinvestirent l’un et l’autre, après