Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/530

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« Jacobins, disait-il, j’ai une vérité à vous dire : vous ne connaissez pas vos plus mortels ennemis ; ce sont les prêtres constitutionnels, ce sont eux qui crient le plus dans les campagnes aux anarchistes, aux désorganisateurs, au dantonisme, au robespierrisme, au jacobinisme… Ne caressez plus les erreurs populaires ; coupez les racines de la superstition ! Dites ouvertement que les prêtres sont vos ennemis[1]. »

À ce moment, Paris ne voulait nullement la mort des députés girondins. Tout ce qu’il voulait, c’était que la place fût laissée par eux aux conventionnels révolutionnaires, afin que ceux-ci pussent continuer la Révolution. Les députés arrêtés ne furent pas envoyés à l’Abbaye ; ils furent gardés chez eux. On continua même à leur payer les dix-huit francs par jour alloués à chaque membre de la Convention, et ils purent circuler dans Paris, accompagnés d’un gendarme, à la charge de le nourrir.

Si ces députés, obéissant aux principes du civisme antique, dont ils aimaient tant à se parer, s’étaient retirés dans la vie privée, il est certain qu’on les aurait laissés tranquilles. Mais, au lieu de cela, ils s’empressèrent de se rendre dans les départements pour les soulever, et voyant qu’ils étaient forcés de marcher d’accord avec les prêtres et les royalistes contre la Révolution, s’ils voulaient soulever les départements contre Paris, ils préférèrent s’allier aux traîtres royalistes que d’abandonner la partie. Ils marchèrent avec eux.

Alors, mais seulement alors, en juillet 1793, la Convention épurée mit hors la loi ces insurgés.

  1. Aulard, Jacobins, t. V, p. 227.