Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/534

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vie ; mais sans ce travail l’histoire de la Révolution restera inachevée[1].

Ce que les historiens ont surtout étudié pendant cette période, c’est la guerre — et la Terreur. Et cependant là n’est pas l’essentiel. L’essentiel est l’œuvre immense de dispersement des propriétés foncières, l’œuvre de démocratisation et de déchristianisation de la France qui fut accomplie pendant ces treize mois. Raconter ce travail immense, avec toutes les luttes auxquelles il donna naissance sur les lieux, dans chaque ville et chaque hameau de la France — sera l’œuvre d’un futur historien. Tout ce que nous pouvons faire aujourd’hui, c’est d’en relever quelques traits principaux.


La première mesure vraiment révolutionnaire, prise après le 31 mai, ce fut l’emprunt forcé chez les riches, pour subvenir aux frais de la guerre. La situation de la Trésorerie, nous l’avons vu, était déplorable. La guerre dévorait de formidables sommes d’argent. Les assignats, lancés en trop grandes quantités, baissaient déjà. De nouveaux impôts sur les pauvres ne pouvaient rien produire. — Que restait-il donc à faire, sinon imposer les riches ? Et l’idée d’un emprunt forcé, d’un milliard, prélevé sur les riches, — idée qui s’était déjà faite jour sous le ministère Necker, aux débuts de la Révolution, — germait dans la nation.

Lorsqu’on lit aujourd’hui ce que les contemporains,

  1. Que de papiers de la plus haute valeur ont été détruits récemment encore à Clairvaux ! Nous en avons vu des traces et nous avons retrouvé quelques débris de la bibliothèque de « Pélarin », vendue à un épicier et au marchand de tabac du village.