Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/535

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les réactionnaires comme les révolutionnaires, disaient de l’état de la France, on ne peut s’empêcher de penser que tout républicain, quelles que fussent ses idées sur la propriété, aurait dû se ranger à l’idée de l’emprunt forcé. Il n’y avait pas d’autre issue possible. Lorsque cette question fut posée, le 20 mai, l’impôt fut recommandé par le modéré Cambon ; mais les Girondins tombèrent sur les promoteurs de l’impôt avec une violence inouïe, provoquant à la Convention une scène détestable.

C’est pourquoi tout ce qu’on put faire le 20 mai, ce fut d’accepter l’idée d’un emprunt forcé, en principe. Quant au mode d’exécution, il devait être discuté plus tard, — ou jamais, si les Girondins réussissaient à envoyer les Montagnards « à la Roche Tarpéïenne ».

Eh bien, dans la nuit même qui suivit l’expulsion des principaux Girondins, la Commune de Paris arrêtait que le décret fixant le maximum des prix des denrées serait mis à exécution sans retard ; qu’il serait procédé immédiatement à l’armement des citoyens ; que l’emprunt forcé serait prélevé ; et que l’armée révolutionnaire serait organisée, comprenant tous les citoyens valides, mais excluant du commandement les ci-devant (c’est-à-dire, les ex-nobles, les « aristocrates »).

La Convention s’empressa d’agir dans ce sens, et le 22 juin 1793 elle discuta le rapport de Réal, qui posait les principes suivants de l’emprunt forcé. Le revenu nécessaire (trois mille livres pour un père de famille, et quinze cents livres pour un célibataire) est affranchi de l’emprunt. Les revenus abondants le supportent d’une manière progressive, jusqu’au maximum, qui est