chaque instant ce pouvait être une banqueroute de l’État, — banqueroute dont maintenant la bourgeoisie, intéressée comme prêteur, ne voulait à aucun prix. Et, avec cela, le peuple, était déjà si appauvri qu’il ne pouvait payer davantage d’impôts : il ne payait pas et se révoltait. Quant au clergé et à la noblesse, ils refusaient absolument de se saigner dans l’intérêt de l’État. La révolte des campagnes, dans ces conditions, faisait avancer la Révolution à grands pas. Et c’est au milieu de ces difficultés que le ministre Calonne convoqua à Versailles une Assemblée des Notables, pour le 22 février 1787.
Cette Assemblée des Notables, c’était juste ce qu’il ne fallait pas faire à ce moment : juste la demi-mesure qui d’un côté rendait la convocation d’une Assemblée nationale inévitable et, d’autre part, inspirait la méfiance contre la Cour et la haine contre les deux ordres privilégiés, la noblesse et le clergé. On apprit, en effet, que la dette nationale avait atteint un milliard six cent quarante-six millions, — chiffre épouvantable à cette époque, — et que le déficit annuel se montait à cent quarante millions. Ceci — dans un pays ruiné comme l’était la France ! On l’apprit ; tout le monde en parla ; et après que tout le monde en eut parlé, les notables, pris dans les hautes classes et représentant une assemblée ministérielle, se séparèrent le 25 mai sans avoir rien fait, rien décidé. Calonne fut remplacé pendant leurs délibérations par Loménie de Brienne, archevêque de Sens ; mais celui-ci, par ses intrigues et ses essais de rigueur, ne sut que soulever les parlements, provoquer un peu partout des émeutes, lorsqu’il voulut les licen-