Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/553

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

leurs droits de pacage, etc., sur les terres non cultivées. Ailleurs, les partages furent nombreux. Dans la Moselle, par exemple, pays de culture de la vigne, 686 communes partagèrent les biens communaux (107 par tête, et 579 par famille), et 119 seulement restèrent dans l’indivision ; mais dans d’autres départements du Centre et de l’Ouest, la grande majorité des communes gardèrent leurs terres indivises.

En général, les paysans, qui savaient très bien que si les terres communales étaient partagées, les familles pauvres deviendraient bientôt des familles de prolétaires, plus pauvres qu’auparavant, ne se hâtaient pas de voter le partage.

Il est évident que la Convention, dont les membres bourgeois aimaient tant parler des inégalités qui se produiraient si les communes rentraient simplement en possession des terres qu’on leur avait enlevées, n’entreprit absolument rien pour égaliser les avantages conférés aux communes par la loi du 11 juin. Parler de ces pauvres communes qui ne recevraient rien, c’était un bon prétexte pour ne rien faire et laisser les terres spoliées aux spoliateurs ; mais lorsque l’occasion se présenta de proposer quelque chose pour empêcher cette « injustice », rien ne fut proposé[1].

  1. Une exception doit être faite pour Pierre Bridet (Observations sur le décret du 28 août 1792. Paris, 1793). Il proposa, au fond, ce qu’on appelle aujourd’hui la nationalisation de la terre. « Les terres communales, disait-il, sont une propriété nationale et, partant, il est injuste de laisser certaines communes posséder beaucoup de terres, et d’autres peu. » Il proposait, par conséquent, de saisir toutes les terres communales pour l’État, et de les affermer — par petits lots, s’il se trouve des adjudicataires, sinon par grands lots, en y admettant aussi les habitants d’autres districts