Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/573

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quiconque serait convaincu d’agiotage. Mais alors la spéculation trouvait d’autres canaux.

À Lyon, la situation était encore pire qu’à Paris, puisque la municipalité, en partie girondine, ne prenait aucune mesure énergique pour subvenir aux besoins de la population. « La population actuelle de Lyon est de 130.000 âmes au moins ; il n’y a pas de subsistances pour trois jours, » écrivait Collot d’Herbois, le 7 novembre 1793, à la Convention. « Notre situation relativement aux subsistances est désespérante… La famine va éclater. » Et dans toutes les grandes villes c’était la même chose.

Il y eut, sans doute, des dévouements touchants pendant cette disette. Ainsi on lit dans Buchez et Roux (XXXVIII, 12), que les sections de Montmartre et de l’Homme Armé avaient décidé un carême civique de six semaines ; et Meillé a trouvé dans la Bibliothèque Nationale l’arrêté de la section de l’Observatoire, datée du 1er février 1792, par lequel les citoyens aisés de cette section avaient pris l’engagement « de ne pas faire usage de sucre et de café, jusqu’à ce que leur prix plus modéré permette à leurs frères de la classe moins aisée, de se procurer cette jouissance. » (Meillé, p. 302, note). Plus tard, en l’an II (février et mars 1794), lorsque la viande monta à de très hauts prix, tous les patriotes de Paris décidaient de ne plus en manger.

Mais, tout cela n’avait plutôt qu’un effet moral au milieu de la disette. Il fallait une mesure générale. Déjà, le 16 avril 1793, l’administration du département de Paris avait adressé à la Convention une pétition pour lui demander de fixer le prix maximum auquel les blés