Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/579

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rapporterait de l’argent. La quantité d’assignats émise fut limitée à la valeur des biens que l’on mettrait chaque fois en vente. Ces assignats portaient intérêt et ils avaient cours forcé.

L’agiotage et le commerce de l’argent tendaient sans doute continuellement à faire tomber le cours des assignats ; cependant il put encore être maintenu plus ou moins, tant que les prix maxima des principales denrées et des objets de première nécessité furent fixés par les municipalités. Mais dès que le maximum fut aboli par la réaction thermidorienne, la dépréciation des assignats commença avec une rapidité épouvantable. On peut imaginer, quelle cause de misère cette chute des assignats devint alors pour ceux qui vivaient au jour le jour.

Les historiens réactionnaires se sont toujours plu à semer la confusion sur ce sujet, comme sur tant d’autres. Mais la réalité est que la grande dépréciation des assignats ne se fit qu’après le décret du 3 nivôse an III qui abolissait le maximum.

En même temps la Convention, sous les thermidoriens, se mit à émettre de si grandes quantités d’assignats, que de 6.420 millions, qui se trouvaient en circulation le 13 brumaire an III (3 novembre 1794), ce chiffre montait, huit mois plus tard, c’est-à-dire au 25 messidor an III (13 juillet 1795), à douze milliards.

En outre, les princes, et notamment le comte d’Artois, établissaient en Angleterre, par une ordonnance du 20 septembre 1794, contresignée par le comte Joseph de Puisaye et le chevalier de Tinténiac, « une manufacture d’assignats, en tout semblables à ceux qui ont été