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émis, ou le seront, par la soi-disant Convention nationale. » Bientôt, soixante-dix ouvriers travaillaient dans cette manufacture, et le comte de Puisaye écrivait au Comité de l’insurrection bretonne : « Avant peu vous aurez un million par jour, ensuite deux, et ainsi de suite. »

Enfin, déjà le 21 mars 1794, lors d’une discussion à la Chambre des Communes de l’Angleterre, — le fameux Sheridan dénonçait la fabrique de faux assignats que Pitt avait fondée en Angleterre, et Taylor déclarait qu’il avait vu, de ses yeux, les faux assignats fabriqués. Des masses considérables de ces assignats étaient offertes dans toutes les grandes villes de l’Europe contre des lettres de change[1].

Mais si la réaction s’était bornée seulement à ces menées infâmes ! C’est encore à l’accaparement systématique des denrées par le moyen d’achats de la récolte à l’avance et à l’agiotage sur les assignats qu’elle se livrait avec passion[2].

  1. Voy. Louis Blanc, livre XIII, chap. IV, qui donne une excellente « Histoire du Maximum », et Avenel, Lundis révolutionnaires.
  2. Des lettres d’Angleterre, adressées par des royalistes à leurs agents en France, dévoilaient les moyens auxquels les agioteurs avaient recours. Ainsi on lisait dans une de ces lettres : « Faites hausser le change jusqu’à 200 livres pour une livre sterling. Il faut discréditer le plus possible les assignats, et refuser tous ceux qui ne porteront pas l’effigie royale. Faites hausser le prix de toutes les denrées. Donnez les ordres à vos marchands d’accaparer tous les objets de première nécessité. Si vous pouvez persuader à Cott…ti d’acheter le suif et la chandelle à tout prix, faites-la payer au public jusqu’à cinq francs la livre. Milord est très satisfait pour la manière dont B.t.z. (Batz) a agi. Nous espérons que les assassinats se feront avec prudence. Les prêtres déguisés et les femmes sont les plus propres à cette opération. » (A. Thiers, Histoire de la Révolution Française, t. III, 1834, pp. 144-144).