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charges aux paysans — impôts, recrues, réquisitions — ne donnait encore, jusqu’en août 1793, rien aux campagnes, à moins que celles-ci ne se fussent elles-mêmes emparées des terres des nobles ou du clergé. Par conséquent, une haine sourde naissait dans les villages contre les villes, et nous voyons, en effet, en Vendée, que le soulèvement est une guerre déclarée par la campagne à la ville, au bourgeois en général[1].

À l’instigation de Rome, l’insurrection éclata furieuse, sanguinaire, sous la direction des prêtres. Et la Convention ne pouvait lui opposer que des contingents insignifiants, commandés par des généraux, soit incapables, soit intéressés à faire traîner la guerre paresseusement en longueur.

Les députés girondins aidant, par leurs lettres, c’est ce qui arriva. Le soulèvement put s’étendre et devint bientôt si menaçant que les Montagnards eurent recours, pour y mettre fin, à des mesures odieuses.

Le plan des Vendéens était de s’emparer de toutes les villes, d’y exterminer les « patriotes » républicains, d’étendre l’insurrection sur les départements voisins, et de marcher ensuite sur Paris. Au commencement de juin 1793, les chefs vendéens, Cathelineau, Lescure, Stoflet, La Rochejacquelein, à la tête de 40.000 hommes, s’emparèrent en effet de la ville de Saumur, qui leur donnait ainsi la Loire. Puis, franchissant la Loire, ils s’emparèrent d’Angers (17 juin) et, cachant habilement leurs mouvements, ils se jetèrent rapide-

  1. Quelques indices d’un caractère social dans le soulèvement la Vendée se trouvent, dit Avenel, dans l’ouvrage d’Antonin Proust : La justice révolutionnaire à Niort.