Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/594

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d’autres causes pour armer les paysans vendéens contre la Révolution. Continuellement, en étudiant les documents de l’époque, on aperçoit des causes qui devient produire un profond ressentiment chez les paysans contre l’Assemblée Constituante et la Législative. Le seul fait d’avoir aboli la réunion plénière des habitants de chaque village, qui avait été la règle jusqu’à ce que la Constituante l’eût abolie en décembre 1789, et le fait d’avoir divisé les paysans en deux classes — les citoyens actifs et les citoyens passifs — et livré l’administration des affaires communales, qui intéressaient tout le monde, aux élus des paysans enrichis, — cela seul suffisait pour réveiller dans les villages le mécontentement contre la Révolution. Celle-ci devenait l’œuvre des bourgeois de la ville.

Il est vrai que, le 4 août, la Révolution avait admis en principe l’abolition des droits féodaux et de la mainmorte ; mais celle-ci n’existait plus, à ce qu’il paraît, dans l’Ouest, et l’abolition des droits féodaux ne fut faite d’abord que sur le papier ; et comme le soulèvement des campagnes fut faible dans les régions de l’Ouest, les paysans se voyaient forcés de payer les redevances féodales, comme auparavant.

D’autre part, — et ceci fut très important pour les campagnes — la vente des biens nationaux, dont la plupart — tous les biens de l’Église — auraient dû revenir aux pauvres, tandis que maintenant ils étaient achetés par les bourgeois de la ville, renforçait les haines. À quoi il faut encore ajouter le pillage des terres communales au profit des bourgeois — pillage que la Législative vint renforcer par ses décrets (Voy. ch. XXVI.)

Ainsi la Révolution, tout en imposant de nouvelles