Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/607

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

corps de cavalerie d’environ 6.000 émigrés. Custine, dont l’attachement à la République était très suspect, abandonnait les positions occupées en 1792 et laissait les Allemands investir la forteresse de Mayence, sur le Rhin. Du côté de la Savoie et de Nice, où il fallait tenir tête à 40.000 Piémontais, soutenus par 8.000 Autrichiens, il n’y avait que l’armée des Alpes et celle des Alpes-Maritimes, toutes deux en complète désorganisation à la suite des soulèvements du Forez, de Lyon et de la Provence.

Du côté des Pyrénées, 23.000 Espagnols entraient en France et ne rencontraient qu’une dizaine de mille hommes sans canons et sans provisions. Avec l’aide des émigrés, cette armée s’emparait de plusieurs forts et menaçait tout le Roussillon.

Quant à l’Angleterre, elle inaugurait dès 1793 la tactique qu’elle suivit plus tard dans les guerres contre Napoléon. Sans trop s’avancer elle-même, elle préférait payer les puissances de la coalition, et profitait de la faiblesse de la France pour lui enlever ses colonies et ruiner son commerce à l’extérieur. En juin 1793, le gouvernement anglais déclara le blocus de tous les ports français, et les vaisseaux anglais, contrairement aux usages du droit international d’alors, se mirent à saisir les vaisseaux neutres qui apportaient des vivres en France. En même temps l’Angleterre favorisait les émigrés, importait des armes et des ballots de proclamations pour soulever la Bretagne et la Vendée, préparait la saisie des ports de Saint-Malo, Brest, Nantes, Bordeaux, Toulon, etc.

À l’intérieur, c’étaient cent mille paysans soulevés