Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/608

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en Vendée et fanatisée par les prêtres ; la Bretagne en fermentation et travaillée par les Anglais ; la bourgeoisie des grandes villes commerçantes, comme Nantes, Bordeaux, Marseille, furieuse de l’arrêt des « affaires » et se mettant de connivence avec les Anglais. Lyon et la Provence en pleine révolte ; le Forez travaillé par les prêtres et les émigrés ; et, à Paris même, tout ce qui s’était enrichi depuis 1789, impatient d’en finir avec la Révolution, se préparant à lui donner l’assaut.

Dans ces conditions, les alliés se sentirent si sûrs de rétablir sous peu la royauté et de placer Louis XVII sur le trône, que ce n’était pour eux qu’une question de quelques semaines. Fersen, le confident de Marie-Antoinette, discutait déjà avec ses amis comment serait composé le conseil de régence ; tandis que le plan de mettre le comte d’Artois à la tête des mécontents en Bretagne était convenu entre l’Angleterre, l’Espagne et la Russie[1].

Si les alliés avaient seulement marché droit sur Paris, ils auraient certainement mis la Révolution en péril. Mais, soit par crainte d’un nouveau Deux-Septembre, soit qu’ils préférassent la possession des places-fortes enlevées à la France à un siège de Paris, ils s’arrêtèrent dans leur marche pour s’emparer d’abord de Valenciennes et de Mayence. Mayence se défendit, et ne capitula que le 22 juillet. Quelques jours auparavant, Condé se rendait après une résistance de quatre mois, et le 26 juillet Valenciennes, après un assaut des alliés, capitulait à son tour, aux applaudissements de la bourgeoisie, qui, pendant tout le siège, avait entretenu des

  1. Lettre du baron de Stedinck, écrite le 26 avril de Saint-Pétersbourg.