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relations avec le duc d’York. L’Autriche prit possession de ces deux places fortes.

Au Nord, la route de Paris était ouverte, depuis le 10 août, aux alliés, qui avaient plus de 300.000 hommes entre Ostende et Bâle.

Qu’est-ce qui retint encore une fois les alliés et les empêcha de marcher sur Paris pour délivrer Marie-Antoinette et le Dauphin ? Était-ce toujours le désir de s’emparer d’abord des forteresses qui resteraient à eux, quoi qu’il arrivât en France ? Était-ce la peur de la résistance sauvage que pouvait offrir la France républicaine ? Ou bien, étaient-ce — ce qui nous semble plus probable — des considérations d’un ordre diplomatique ?

Les documents qui concernent la diplomatie française de cette époque n’étant pas encore publiés, nous sommes réduits à des conjectures. Nous savons cependant, que, pendant l’été et l’automne de 1793, des pourparlers furent menés par le Comité de salut public avec l’Autriche concernant la mise en liberté de Marie-Antoinette, du Dauphin, de sa sœur et de leur tante, madame Élisabeth. Et nous savons que Danton resta jusqu’en 1794 en pourparlers secrets avec les whigs anglais, pour arrêter l’invasion anglaise. D’un jour à l’autre on s’attendait en Angleterre à voir Fox, le chef des whigs, renverser Pitt, le chef des tories, et arriver au pouvoir ; et à deux reprises (fin janvier 1794, lors de la discussion de la réponse au discours de la Couronne, et le 16 mars 1794) on espérait que le parlement anglais se prononcerait contre la continuation de la guerre contre la France[1].

  1. G. Avenel, Lundis révolutionnaires, p. 245. Avenel attribuait même la chute de Danton à l’échec de cette diplomatie, qui fut toujours combattue par Robespierre et Barère.