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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/623

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droit de pétition, le droit de se réunir en sociétés populaires, la jouissance de tous les droits de l’homme. » Quant aux lois sociales que le peuple attendait de la constitution, Hérault de Séchelles les promit pour plus tard. L’ordre d’abord : on verrait ensuite ce que l’on pourrait faire pour le peuple. Là-dessus la majorité des Girondins et des Montagnards se trouvait parfaitement d’accord[1].

Soumise aux assemblées primaires, cette constitution fut reçue avec beaucoup d’unanimité et même d’enthousiasme. La République se composait alors de 4.944 cantons, et lorsqu’on connut les votes de 4.520 cantons, il se trouva que la constitution avait été acceptée par 1.801.918 voix contre 11.610.

Le 10 août, cette constitution fut enfin proclamée à Paris avec beaucoup de pompe, et dans les départements elle aida à paralyser les insurrections girondines. Celles-ci n’avaient plus de raison d’être, puisque la calomnie des Girondins qui disaient partout que les Montagnards voulaient rétablir la royauté, avec un d’Orléans sur le trône, tombait. D’autre part, la constitution de 1793 fut si bien accueillie par la majorité des démocrates, qu’elle devint depuis lors, pour près d’un siècle, le credo de la démocratie.

  1. Dans la Déclaration des droits, définitivement votée le 23 juin, les articles concernant la propriété étaient ainsi conçus : — « Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie. – Nul genre de travail, de culture, de commerce, ne peut être interdit à l’industrie des citoyens. – Nul ne peut être privé de la moindre partie de sa propriété, sans son consentement, si ce n’est lorsque la nécessité publique légalement constatée l’exige, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité. » La Convention ne sortait donc pas des principes de 1791 concernant la propriété.