Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/626

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des « hommes d’État », et ils travaillent à constituer un gouvernement fort, centralisé, dont les organes leur obéissent aveuglément. Et lorsqu’ils sont arrivés à constituer ce pouvoir, sur les cadavres de ceux qu’ils avaient trouvé trop avancés, ils apprennent, en montant eux-mêmes à l’échafaud, qu’en tuant le parti avancé ils avaient tué la Révolution.

Après avoir sanctionné par la loi ce que les paysans avaient demandé et fait, çà et là, pendant quatre ans, la Convention ne sait plus rien entreprendre d’organique. Sauf pour les affaires de défense nationale et d’éducation, son œuvre est désormais frappée de stérilité. Les législateurs sanctionneront encore la formation des Comités révolutionnaires et décideront de payer ceux des sans-culottes pauvres qui donneront leur temps au service des sections et des comités ; mais ces mesures, d’apparence démocratique, ne seront pas des mesures de démolition ou de création révolutionnaire. Ce ne seront que des moyens d’organiser le pouvoir.

C’est en dehors de la Convention et du club des Jacobins, — dans la Commune de Paris, dans certaines sections de la capitale et des provinces et dans le club des Cordeliers, — que l’on trouve quelques hommes qui comprennent que pour consolider les conquêtes, il faut marcher de l’avant, et qui essaient de formuler les aspirations d’ordre social, dont on aperçoit l’apparition dans les masses populaires.

Ils essaient de constituer la France comme une agrégation de 40.000 communes, en correspondance suivie entre elles et représentant autant de centres de l’ex-