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LVIII

LE MOUVEMENT COMMUNISTE


Déjà, dans les cahiers de 1789 on rencontre, comme l’a montré Chassin, des idées qui seraient classées aujourd’hui comme socialistes. Rousseau, Helvétius, Mably, Diderot etc., avaient déjà traité les inégalités de fortune et l’accumulation du superflu entre les mains de quelques-uns, comme le grand obstacle à l’établissement de la liberté démocratique. Maintenant, ces idées se retrouvaient aux premières heures de la Révolution.

Turgot, Sieyès, Condorcet vinrent affirmer que l’égalité des droits politiques ne donnerait encore rien, sans l’égalité de fait. Celle-ci, disait Condorcet, représentait « le dernier but de l’art social », puisque « l’inégalité des richesses, l’inégalité d’état et l’inégalité d’instruction sont la principale cause de tous les maux »[1]. Et les

  1. Déjà Cabet, dans son appendice au Voyage en Icarie, édition de 1842, avait signalé, avec citations à l’appui, ce caractère des penseurs du dix-huitième siècle. – En fait de travaux récents, voyez André Lichtenberger, Le Socialisme et la Révolution française, Paris, 1899.