Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/635

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Quelques Girondins, notamment Rabaut Saint-Étienne et Condorcet, subirent même l’influence de ce mouvement. Condorcet esquissait, sur son lit de mort, un plan de « mutualité », d’assurance entre tous les citoyens, contre tout ce qui peut rejeter le travailleur aisé dans un état où il est forcé de vendre son travail à n’importe quel prix. Quant à Rabaut, il demandait qu’on enlevât aux riches leurs grandes fortunes, soit par un impôt progressif, soit en imposant, par la loi, « l’écoulement naturel du superflu du riche » dans des établissements d’utilité publique. « Les grandes richesses sont un embarras à la liberté », disait-il, en répétant une formule très généralement répandue à cette époque. On vit même Brissot tâchant un moment de trouver le juste milieu bourgeois vis-à-vis de ce courant populaire, qu’il attaqua bientôt avec férocité[1].

Quelques Montagnards allèrent plus loin. Ainsi Billaud--

  1. Pour mieux combattre « le partage des terres proposé par des anarchistes ou des coblenciens » (Robespierre reprit plus tard cette insinuation contre les communistes, et la fit sienne), Brissot déclarait, en décembre 1792, que l’égalité des droits des citoyens serait une chimère si les lois ne détruisaient et ne prévenaient la trop grande inégalité de fait entre les citoyens. Mais, ces institutions favorables à l’« égalité », ajoutait Brissot, « doivent être introduites sans commotion, sans violence, sans manquer de respect au premier des droits sociaux, la propriété ».