Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/645

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d’avoir son lopin de terre forçait le paysan indigent à émigrer en ville, où il était livré, sans défense, au fabricant industriel et à l’agioteur.

Dans ces conditions, nécessairement, la pensée des communistes se portait vers ce que l’on désigna sous le nom de « loi agraire », c’est-à-dire vers la limitation des propriétés terriennes à un certain maximum d’étendue et à la reconnaissance du droit de chacun à la terre. L’accaparement des terres, qui se faisait alors par les spéculateurs pendant la vente des biens nationaux, ne pouvait que renforcer cette idée. Et, tandis que les uns demandaient que chaque citoyen qui voudrait cultiver la terre ait le droit de recevoir sa part des biens nationaux ou, du moins, d’en acheter une part à des conditions faciles de paiement, — d’autres, qui voyaient plus loin, demandaient que la terre fût rendue propriété communale, et que chacun ne fût nanti que d’un droit temporaire de possession du sol qu’il cultiverait lui-même, et tant qu’il le cultiverait.

Ainsi, Babeuf, évitant peut-être de trop se compromettre, demandait le partage égal des terres communales. Mais lui aussi voulait « l’inaliénabilité » des terres, ce qui voulait dire le maintien des droits de la société, de la commune, ou de la nation, sur le sol — la possession foncière, et non la propriété.

D’autre part, à la Convention, lors de la discussion de la loi sur le partage des terres communales, Julien Souhait combattit le partage définitif, proposé par le Comité d’agriculture, et il eut certainement avec lui les millions de paysans pauvres. Il demanda que le partage des biens communaux — à parts égales, entre tous — fût