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peuple et de peine de mort. Roux fut poursuivi, mais la section des Gravilliers réussit à obtenir qu’il fût relâché sous caution. Ce fut fait, le 25 août, mais l’information continua, se compliqua encore d’une accusation de vol, et le 23 nivôse (14 janvier 1794), Roux était traduit devant le tribunal de police criminelle.

Le tribunal se déclara incompétent, à cause de la gravité des actes reprochés à Roux (coup de force dans la section), et le renvoya devant le tribunal révolutionnaire. Alors, Roux, sachant ce qui l’attendait, se frappa devant le tribunal de trois coups de couteau. Transporté à l’infirmerie de Bicêtre, il tentait « d’épuiser ses forces », rapportèrent les agents de Fouquier-Tinville, et enfin il se frappa de nouveau, se blessa au poumon et succomba à ses blessures. L’acte d’autopsie est daté du 1er ventôse, an II, 19 février 1794[1].

Le peuple, surtout dans les sections centrales de Paris, comprit alors que c’en était fait de ses rêves d’ « égalité de fait » et de bien-être pour tous. Gaillard, l’ami de Chalier, venu à Paris après la prise de Lyon par les Montagnards, et qui avait passé toute la durée du siège dans un cachot, se tua aussi, lorsqu’il apprit la nouvelle de l’arrestation de Leclerc, emprisonné avec Chaumette et les hébertistes.

En réponse à toutes ces tendances du communisme, à la vue du peuple prêt à déserter la Révolution, le Comité de salut public, toujours anxieux de ne s’aliéner ni « le Ventre » de la Convention (« le Marais »), ni le club des Jacobins, répondit, le 21 ventôse de l’an II

  1. Jaurès, Histoire socialiste, la Convention, (pp. 1698, 1699).