Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/667

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Le pain continuait à manquer à Paris, et le 4 septembre des attroupements qui se rassemblaient aux cris : Du pain ! commencèrent à se former autour de l’Hôtel-de-Ville[1]. Ils devenaient menaçants, il fallut toute la popularité et la bonhomie de Chaumette, l’orateur favori des pauvres à Paris, pour les apaiser par des promesses. Chaumette promit d’obtenir du pain et de faire arrêter les administrateurs des subsistances. Le mouvement fut ainsi manqué, et le lendemain, le peuple n’envoya que des députations à la Convention.

La Convention ne sut et ne voulut rien faire pour répondre aux vraies causes de ce mouvement. Elle ne sut que menacer les contre-révolutionnaires, mettre la Terreur à l’ordre du jour, et renforcer le gouvernement central. Ni la Convention, ni le Comité de salut public, ni même la Commune — menacée d’ailleurs par le Comité — ne se trouvèrent à la hauteur de la situation. Les idées égalitaires qui germaient dans le peuple ne trouvèrent personne pour les exprimer avec la même vigueur, la même audace et la même précision que Danton, Robespierre, Barère et tant d’autres avaient trouvées pour exprimer les aspirations de la Révolution à ses débuts. Le dessus fut pris par les hommes de gouvernement, — par les médiocrités de la bourgeoisie plus ou moins démocratique.

Le fait est que l’ancien régime gardait encore une

  1. Il est fort possible, probable même, que des royalistes (comme Lepître) travaillèrent aussi dans les sections pour fomenter ce mouvement. C’est une vieille tactique des réactionnaires. Mais dire que ce mouvement fut l’œuvre des réactionnaires était aussi absurde et jésuitique que de dire que les mouvements de 1789 furent l’œuvre du duc d’Orléans.