Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/710

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Enragés et les hébertistes, mais elle leur empruntera quelque chose.

Par ce rapport, Saint-Just obtenait de la Convention deux décrets. L’un répondait à ceux qui demandaient la clémence : le Comité de sûreté générale était investi du pouvoir de mettre en liberté « les patriotes détenus ». L’autre devait sembler prendre les devants sur les hébertistes et tranquilliser en même temps les acheteurs de biens nationaux : Les propriétés des patriotes seraient sacrées ; mais les biens des ennemis de la Révolution seraient séquestrés au profit de la République ; quant à ces ennemis mêmes, ils seraient détenus jusqu’à la paix, et puis bannis. Ceux qui voulaient que la Révolution marchât de l’avant étaient donc joués. Il ne restait de ce discours que des paroles.

Alors les Cordeliers décidèrent d’agir. Le 14 ventôse (4 mars) ils couvrirent d’un voile noir le Tableau des Droits de l’Homme. Vincent parla de la guillotine, et Hebert parla contre Amar, du Comité de sûreté générale, qui hésitait à envoyer soixante-et-un girondins au tribunal révolutionnaire. À mots couverts, il désigna même Robespierre, — non pas comme un obstacle à des changements sérieux, mais comme un défenseur de Desmoulins. C’était toujours revenir à la Terreur. Carrier lâcha le mot d’insurrection.

Mais Paris ne bougea pas, et la Commune refusa d’écouter les Cordeliers hébertistes. Alors, dans la nuit du 23 ventôse (13 mars), les chefs hébertistes — Hebert, Momoro, Vincent, Ronsin, Ducroquet et Laumur — furent arrêtés, et le Comité de salut public fit répandre sur eux, par Billaud-Varenne, toute sorte de fables et