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de calomnies. Ils voulaient, disait Billaud, faire dans les prisons un égorgement de royalistes ; ils devaient piller la Monnaie ; ils avaient fait enfouir des denrées pour affamer Paris !

Le 28 ventôse (18 mars) on arrêtait Chaumette, que le Comité de salut public avait destitué la veille, et remplacé par Cellier. Le maire Pache était destitué par le même Comité. Anacharsis Cloots avait été arrêté déjà le 8 nivôse (28 décembre) — sous l’inculpation de s’être informé si une dame était sur la liste des suspects. Leclerc, l’ami de Chalier, venu de Lyon et collaborateur de Roux, fut impliqué dans le même procès.

Le gouvernement triomphait.

Quelles furent les vraies raisons de ces arrestations du parti avancé, nous ne le savons pas encore. Y avait-il un complot, préparé par eux, pour s’emparer du pouvoir en s’aidant pour cela de « l’armée révolutionnaire » de Ronsin ? — C’est possible, mais nous ne savons là-dessus rien de précis.

Les hébertistes furent envoyés devant le tribunal révolutionnaire, et l’on poussa l’iniquité jusqu’à faire ce que l’on appelait un « amalgame ». On mit dans la même fournée des banquiers, des agents allemands, à côté de Momoro, qui dès 1789 s’était distingué par ses idées communistes, et qui donna absolument tout ce qu’il possédait à la Révolution, de Leclerc, l’ami de Chalier, et d’Anacharsis Cloots, « l’orateur du genre humain », qui avait entrevu, déjà en 1793, la république du genre humain, et qui osa en parler.

Le 4 germinal (24 mars), après un procès de pure forme qui dura trois jours, tous furent guillotinés.