Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/713

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public, l’emportaient enfin sur la Commune de Paris ! La longue lutte que ce foyer de révolution avait soutenue, depuis le 9 août 1792, contre les représentants officiels de la Révolution, se terminait. La Commune qui avait servi pendant dix-neuf mois de fanal à la France révolutionnaire, allait devenir un rouage de l’État. Après cela, c’était nécessairement la débâcle.

Cependant le triomphe des royalistes fut si grand après ces exécutions que les Comités se voyaient déjà débordés par la contre-révolution. C’est eux qu’on demandait maintenant pour la Roche Tarpéienne, si chère à Brissot. Desmoulins, dont la conduite avait été ignoble lors de l’exécution d’Hébert (lui-même l’a raconté), lançait un septième numéro de son journal, entièrement dirigé contre le régime révolutionnaire. Les royalistes se livraient à de folles manifestations de joie, et poussaient Danton à l’attaque contre les Comités. Toute la masse des Girondins qui se couvraient du nom de Danton, allait profiter de l’absence des révolutionnaires hébertistes pour faire un coup d’État, et alors c’était la guillotine pour Robespierre, Couthon, Saint-Just, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et tant d’autres. C’était le triomphe de la contre-révolution dès le printemps de 1794. Alors les Comités se décidèrent à frapper un grand coup à droite, en sacrifiant Danton.

Dans la nuit du 30 au 31 mars (9 au 10 germinal), Paris apprit avec stupeur que Danton, Desmoulins, Philippeaux et Lacroix étaient arrêtés. Sur un rapport de Saint-Just à la Convention (rédigé d’après un brouillon, fourni par Robespierre, et qui s’est conservé jusqu’à nos jours), l’Assemblée ordonna immédiatement les