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On imagine quelle fête ce fut ce jour-là dans le camp des royalistes, dont Paris était rempli. Les rues, regorgeaient de muscadins accoutrés de la façon la plus « impayable », qui insultaient les condamnés, pendant qu’on les traînait jusqu’à la Place de la Révolution. Les riches payaient des prix fous pour avoir des places tout près de la guillotine et jouir de la mort de l’auteur du Père Duchesne. « La place devint un théâtre, dit Michelet. » Et « autour, une espèce de foire, les Champs-Élysées, peuplés, riants, avec les banquistes, les petits marchands. ». Le peuple, morne, ne se montrait pas. Il savait qu’on tuait ses amis.

Chaumette fut guillotiné plus tard, le 24 germinal (13 avril), avec l’évêque démissionnaire Gobel, — le crime imputé à eux deux étant l’irréligion. La veuve de Desmoulins et la veuve d’Hébert faisaient partie de la même fournée. Pache fut épargné, mais il fut remplacé, comme maire, par l’insignifiant Fleuriot-Lescaut, et le procureur Chaumette — par Cellier d’abord, puis par Claude Payan, un homme dévoué à Robespierre qui s’occupa plus de l’Être suprême que du peuple de Paris[1].

Les deux Comités, de sûreté générale et de salut

  1. La loi du 14 frimaire (4 décembre), qui établissait le « Gouvernement révolutionnaire » avait remplacé les procureurs des communes, élus, par des agents nationaux, nommés par le Comité de salut public. Chaumette, confirmé dans ses fonctions, devenait ainsi un « agent national ». Ensuite, le jour où l’on arrêtait les hébertistes, le 23 ventôse (13 mars), le Comité de salut public fit voter par la Convention une loi qui lui permettait de remplacer provisoirement les fonctionnaires élus des communes qu’il destituait. Le Comité ayant destitué Pache, il nomma Fleuriot-Lescot maire de Paris, en vertu de cette loi.