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Mais en même temps, la Grande Révolution nous a légué d’autres principes, d’une portée infiniment plus haute : les principes communistes. Nous avons vu comment l’Idée communiste, pendant toute la Révolution, a travaillé à se faire jour, et comment, après la chute les Girondins, de nombreux essais et quelquefois de vaste essais furent faits dans cette direction. Le Fouriérisme descend en ligne directe de L’Ange, d’une part, et d’autre part, de Chalier. Babeuf est l’enfant direct des idées qui passionnèrent les masses populaires en 1793. Lui, Buonarroti, Sylvain Maréchal n’ont fait que les systématiser un peu ou bien même les exposer seulement sous une forme littéraire. Mais les sociétés secrètes de Babeuf et de Buonarroti deviennent l’origine des sociétés secrètes des « communistes-matérialistes » dans lesquelles Blanqui et Barbès conspirent sous la monarchie bourgeoise de Louis-Philippe. Plus tard l’Internationale en surgira par filiation directe.

Quant au « socialisme », on sait aujourd’hui que ce mot fut mis en vogue pour éviter de s’appeler « communiste », — ce qui, à une certaine époque était dangereux, parce que les sociétés secrètes communistes, devenues sociétés d’action, étaient poursuivies à outrance par la bourgeoisie gouvernante.

Ainsi, il y a filiation directe depuis les Enragés de 1793 et le Babeuf de 1795 jusqu’à l’Internationale.

Mais il y a aussi la filiation dans les idées. Le socialisme moderne n’a rien, absolument rien encore ajouté aux idées qui circulaient dans le peuple français en 1789-1794, et que le peuple français essaya de mettre en pratique pendant l’an II de la République. Le socialisme