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sonnelle et le développement du salariat qui l’a remplacée.

Le paysan français, en se révoltant, il y a cent ans, contre le seigneur qui l’envoyait battre les étangs pour empêcher les grenouilles de coasser pendant son sommeil, a ainsi affranchi les paysans de l’Europe. En brûlant les paperasses dans lesquelles sa soumission était consignée, en incendiant les châteaux et en exécutant pendant quatre ans les seigneurs qui refusaient de reconnaître ses droits à l’humanité, il a donné le branle à l’Europe, aujourd’hui délivrée partout de cette institution humiliante du servage.

D’autre part, l’abolition du pouvoir absolu a aussi mis cent ans pour faire le tour de l’Europe. Attaqué dès 1648 en Angleterre et vaincu en France en 1789, le pouvoir royal de droit divin ne s’exerce plus aujourd’hui qu’en Russie ; mais là aussi, il en est à ses dernières convulsions. Il n’y a pas jusqu’aux petits États des Balkans, et enfin la Turquie, qui n’aient aujourd’hui leurs assemblées de représentants. La Russie entre dans le même cycle.

Ainsi, sous ce rapport, la Révolution de 1789-1793 a fait son œuvre. L’égalité devant la loi et le gouvernement représentatif, l’Europe les a, à peu près, dans ses codes. En théorie, du moins, la loi est égale pour tous, et tous ont le droit de participer, plus ou moins, au gouvernement.


Le roi absolu — maître de ses sujets — et le seigneur — maître du sol et des paysans par droit de naissance — ont disparu. La bourgeoisie règne en Europe.