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d’Orléans, mais aussi ceux des membres de l’Assemblée, tels que Mirabeau, Mounier, Lally-Tolendal, qui voulaient faire de Louis XVI un roi constitutionnel. Douze membres, disait plus tard Lafayette, devaient être immolés. Le baron de Breteuil et le maréchal de Broglie avaient été appelés pour mettre ce projet à exécution — l’un et l’autre tout prêts à agir. — « S’il faut brûler Paris, disait le premier, on brûlera Paris ». Quant au maréchal de Broglie, il avait écrit au prince de Condé qu’une salve de canons aurait bientôt « dissipé ces argumentateurs, et remis la puissance absolue qui s’éteint, à la place de l’esprit républicain qui se forme[1]. »

Et qu’on ne croie pas, comme l’ont prétendu quelques historiens réactionnaires, que ce n’étaient que des racontars. La lettre de la duchesse de Polignac, que l’on trouva plus tard, adressée le 12 juillet au prévôt des marchands, Flesselles, et dans laquelle toutes les personnes en vue étaient désignées sous des noms de convention, prouve assez le complot ourdi par la Cour pour le 16 juillet. S’il pouvait encore y avoir le moindre doute à ce sujet, les paroles adressées le 10 juillet à Dumouriez, à Caen, par la duchesse de Beuvron, en présence de plus de soixante nobles triomphants, suffiraient pour le démontrer.

— « Eh bien ! Dumouriez, disait la duchesse, vous ne savez pas la grande nouvelle ? Votre ami Necker est chassé ; pour le coup, le roi remonte sur le trône, l’Assemblée est renversée ; vos amis, les quarante-sept, sont, peut-être, à l’heure qu’il est, à la Bastille, avec

  1. Louis Blanc, Histoire de la Révolution française.