Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/94

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Pour que le roi eût consenti à donner à la bourgeoisie la moindre part dans le gouvernement, elle se ralliait autour de lui et l’aidait de toute sa puissance d’organisation à maîtriser le peuple. Mais — et que ceci serve d’avertissement dans les révolutions à venir — il y a dans la vie des individus, des partis et aussi des institutions, une logique qu’il n’est de la volonté de personne de changer. Le despotisme royal ne pouvait pas pactiser avec la bourgeoisie qui lui demandait sa part du pouvoir. Logiquement, fatalement, il devait la combattre, et une fois la bataille engagée, il devait succomber et céder sa place au gouvernement représentatif, — forme qui convient le mieux à la bourgeoisie. Il ne pouvait pas, non plus, sans trahir son appui naturel, la noblesse, pactiser avec la démocratie populaire, et il fit de son mieux pour défendre les nobles et leurs privilèges, — quitte à se voir trahi plus tard par ces mêmes privilégiés de naissance.

Cependant, des informations concernant les conspirations de la Cour parvenaient de tous les côtés aux partisans du duc d’Orléans, qui se réunissaient à Montrouge, ainsi qu’aux révolutionnaires qui fréquentaient le club Breton. Les troupes se concentraient à Versailles et sur la route de Versailles à Paris. À Paris même, elles prenaient possession des points les plus importants dans la direction de Versailles. On parlait de 35.000 hommes, répartis sur cet espace, auxquels 20.000 hommes allaient s’ajouter dans quelques jours. Les princes et la reine se concertaient entre eux pour dissoudre l’Assemblée, écraser Paris en cas d’insurrection, arrêter et tuer, non seulement les principaux meneurs et le duc