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Page:Kropotkine - La Loi et l’autorité, 1892.djvu/44

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leur autorité ? Que l’on calcule seulement tout le torrent de dépravation versé dans les sociétés humaines par la délation, favorisée par les juges et payée par les écus sonnants du gouvernement, sous prétexte d’aider à la découverte des crimes. Que l’on aille en prison et que l’on étudie là ce que devient l’homme, privé de liberté, enfermé avec d’autres dépravés qui se pénètrent de toute la corruption et de tous les vices qui suintent de nos prisons ; et que l’on se souvienne seulement que plus on les réforme, plus détestables elles sont, tous nos pénitenciers modernes et modèles étant cent fois plus abominables que les donjons du moyen-âge. Que l’on considère enfin quelle corruption, quelle dépravation de l’esprit est maintenue dans l’humanité par cette idée d’obéissance (essence de la Loi), de châtiment, d’autorité ayant le droit de châtier, de juger en dehors de notre conscience et de l’estime de nos amis, de bourreau, de geôlier, de dénonciateur, — bref, de tous ces attributs de la Loi et de l’Autorité. Que l’on considère tout cela, et on sera certainement d’accord avec nous, lorsque nous disons que la Loi infligeant des peines est une abomination qui doit cesser d’exister.

D’ailleurs, les peuples non-policés et, partant moins dépravés ont parfaitement compris que celui que l’on nomme un « criminel », est tout bonnement un malheureux ; qu’il ne s’agit pas