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Chapitre III


JE TRAVERSE LA MANDCHOURIE DÉGUISÉ EN MARCHAND. — JE REMONTE LE SOUNGARI JUSQU’À KIRIN. — DES MINES D’OR À TCHITA.


Si l’on jette un coup d’œil sur une carte d’Asie on voit que la frontière russe qui court à peu près selon le cinquantième parallèle, passé la Transbaïkalie, s’infléchit brusquement vers le nord. Elle suit pendant cent vingt lieues l’Argougne ; puis, atteignant l’Amour, elle prend la direction du sud-est ; la ville de Blagovéchtchensk, capitale de la province de l’Amour, étant également située à peu près sur le cinquantième degré de latitude. Entre la pointe sud-est de la Transbaïkalie (Nouveau-Tsouroukhaïtou) et Blagovéchtchensk sur l’Amour, la distance à vol d’oiseau n’est que de 200 lieues ; mais le long de l’Argougne et de l’Amour elle est de plus de 400 lieues et en outre, le voyage le long de l’Argougne, qui n’est pas navigable, est extrêmement difficile. On ne trouve qu’un sentier de montagne des plus difficiles.

La Transbaïkalie est très riche en bétail, et les Cosaques de la région sud-est qui sont de grands éleveurs désiraient établir des communications directes avec l’Amour moyen, qui serait un excellent marché pour leur bétail. Ils faisaient du commerce avec les Mongols, et ils