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Chapitre V


LE MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE PREND UN CARACTÈRE PLUS GRAVE EN RUSSIE. — ATTENTATS CONTRE L’EMPEREUR DIRIGÉS PAR LE COMITÉ EXÉCUTIF. — MORT D’ALEXANDRE II. — FONDATION DE LIGUES DESTINÉES A COMBATTRE LES RÉVOLUTIONNAIRES ET A PROTÉGER L’EMPEREUR. — MA CONDAMNATION A MORT. — MON EXPULSION DE SUISSE.


En Russie, la lutte pour la liberté revêtait un caractère de plus en plus aigu. Plusieurs procès politiques avaient été jugés par les tribunaux : le procès des « cent quatre-vingt-treize », celui des « cinquante », celui du « Cercle Dolgouchine », etc., et tous avaient donné lieu aux mêmes constatations.

La jeunesse était allée prêcher le socialisme aux paysans et aux ouvriers ; des brochures socialistes, imprimées à l’étranger, avaient été distribuées ; il y avait eu des appels assez vagues à la révolte contre les conditions économiques oppressives. Bref, on n’avait pas fait autre chose que ce que font les agitateurs socialistes dans tous les autres pays du monde. La police n’avait pas trouvé la moindre trace de conspiration contre le tsar, pas les moindres préparatifs en vue d’une action révolutionnaire ; et en effet il n’y avait rien de tout cela.