Page:Kropotkine - Mémoires d’un révolutionnaire.djvu/490

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Chapitre VII


EFFETS NÉFASTES DU RÉGIME DES PRISONS AU POINT DE VUE SOCIAL. — A LA PRISON CENTRALE DE CLAIRVAUX. — OCCUPATIONS DES DÉTENUS. — TRISTE CONDITION DES VIEUX PRISONNIERS. — RELATIONS ACTIVES DES DÉTENUS ENTRE EUX. — INFLUENCE DÉMORALISATRICE DES PRISONS.


Le procès était terminé, mais nous restâmes encore environ deux mois dans la prison de Lyon. La plupart de mes compagnons avait interjeté appel du jugement prononcé par le tribunal de simple police et nous devions en attendre les résultats. Quatre de mes camarades et moi, nous refusâmes de signer notre pourvoi et je continuai de travailler dans ma pistole. Un de mes grands amis, Martin — tisseur à Vienne — occupait une autre pistole à côté de la mienne, et comme nous étions déjà condamnés, nous fûmes autorisés à nous promener ensemble ; et quand nous avions quelque chose à nous dire entre les promenades, nous correspondions en frappant des coups au mur, comme en Russie.

Déjà pendant mon séjour à Lyon, je commençai à me rendre compte de l’influence démoralisatrice du régime des prisons sur les détenus, et mes observations m’amenèrent plus tard, pendant mon séjour de trois ans