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séquence, la Grande-Bretagne, en 1909, avait 1.552.990 chevaux, au lieu des 1.408.788 qu'elle avait en 1885. Mais les chevaux sont importés, ainsi que l'avoine et une grande partie du foin nécessaire pour les nourrir[1]. Et si la consommation de la viande a réellement augmenté en Angleterre, c'est grâce à la viande importée de Hollande, d'Amérique, d'Australie, et vendue relativement à bon marché, et non à la viande que les Îles Britanniques produiraient[2].

Bref, l'agriculture n'a point changé de direction, comme on nous le dit souvent ; elle périclite simplement sur tous les points. La terre est retirée à la culture avec une hâte inquiétante, tandis que les récents progrès de la culture maraîchère et fruitière et de l'aviculture ne sont que fort peu de chose en comparaison de ce qui a été fait dans ces mêmes directions en France, en Belgique et en Amérique.

La cause de cette décadence est évidente. C'est la désertion, l'abandon de la terre. Toute cul-

  1. D'après un rapport fait en octobre 1899 à la Société de Statistique par M. Crawford, l'Angleterre importe 4.500.000 tonnes de foin et autre nourriture pour son bétail. Avec le système de culture qui existe aujourd'hui dans les Îles Britanniques, 2.430.000 hectares auraient suffi pour produire cette nourriture. Si encore 2.430.000 hectares étaient ensemencés de céréales, le Royaume-Uni produirait tout le blé qu'il consomme, — toujours, bien entendu, en s'en tenant aux moyens de culture actuels.
  2. En 1908, on n'a pas importé moins de 10.478.000 quintaux de viande de boeuf et de mouton, 105.600 moutons et 472.000 têtes de gros bétail.