Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/224

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Grande-Bretagne ou de la France fût contraint de vivre du produit de son propre sol, tout ce qu'il aurait à faire serait, tout d'abord, de considérer le sol de ce pays comme un héritage commun dont on doit disposer pour le plus grand avantage de tous et de chacun. C'est là, évidemment, une première condition absolument nécessaire. Ensuite, il aurait à cultiver son sol, non par des procédés extraordinaires, mais ni mieux ni plus mal qu'on ne cultive des milliers et des milliers d'hectares en Europe et en Amérique. Il n'aurait point à inventer de nouvelles méthodes : il lui suffirait d'appliquer largement celles qui ont subi victorieusement l'épreuve de l'expérience. Il peut le faire ; et en le faisant, il économiserait l'énorme quantité de travail, donnée en échange des matières alimentaires achetées à l'étranger, et destinée à payer tous les intermédiaires de l'importation, qui vivent à ses dépens.

Avec une culture rationnelle, tous les objets nécessaires et tous les objets de luxe qu'il faut demander au sol peuvent indubitablement être obtenus avec beaucoup moins de travail qu'il n'en faut actuellement pour payer tous ces produits. À ce sujet, j'ai fait ailleurs (La Conquête du Pain) des évaluations approximatives, mais avec les données fournies par ce livre même chacun peut aisément vérifier le bien-fondé de cette assertion. Si nous considérons le chiffre