Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/225

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énorme de la production qu'on obtient avec une culture rationnelle, et si nous le comparons à la somme de travail qui doit être dépensée pour obtenir la même masse de produits avec des procédés irrationnels, pour les recueillir à l'étranger, pour les transporter et pour entretenir des armées d'intermédiaires, nous voyons tout de suite combien peu de jours, combien peu d'heures il faudrait, avec une méthode de culture convenable, pour faire produire au sol la nourriture d'une personne.

Pour mettre nos méthodes de culture au niveau nécessaire, il ne nous faudrait certainement point diviser le sol de l'Angleterre, par exemple, en parcelles de 40 ares, et s'efforcer de produire tout ce dont on a besoin, chacun isolément et par ses propres efforts, sur son lot personnel et sans meilleurs instruments que la bêche. Dans de telles conditions, on courrait infailliblement à un échec. Ceux qui ont été frappés des magnifiques résultats obtenus dans la petite culture et qui vont répétant que le mode d'exploitation de la terre adopté par le paysan ou le maraîcher français est un idéal pour l'humanité, ceux-là se trompent, de toute évidence. Ils sont tout autant dans l'erreur que ces autres outranciers qui voudraient transformer chaque pays en un petit nombre de colossales « fermes Bonanza », exploitées par des « bataillons du travail » organisés militairement.