Aller au contenu

Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nouvelle crise rapproche de nous le moment où tout notre système de propriété individuelle et de production sera ébranlé jusque dans ses fondements par des luttes intestines, dont le caractère plus ou moins violent dépendra du plus ou moins de bon sens des classes aujourd’hui privilégiées.

Mais nous soutenons aussi que toute tentative socialiste pour modifier les relations actuelles entre le Capital et le Travail aboutira à un échec si elle ne tient pas compte des tendances signalées ci-dessus vers l’intégration. Ces tendances ont été, à notre avis, beaucoup trop négligées jusqu’ici par les différentes écoles socialistes. Mais il faudra qu’on y prenne garde. Une société réorganisée devra renoncer à cette erreur de la spécialisation des peuples pour la production agricole ou industrielle. Chaque nation devra compter sur elle-même pour se procurer sa nourriture, en même temps qu’une bonne partie des matières premières qui lui sont nécessaires. Elle devra trouver le meilleur moyen d’associer l’agriculture avec l’industrie, le travail des champs avec une industrie décentralisée ; et elle devra procurer à tous l’« éducation intégrale », la seule qui, enseignant à la fois la science et le métier manuel depuis la plus tendre enfance, peut donner à la société les hommes et les femmes dont celle-ci a réellement besoin.

Chaque peuple se suffisant par sa propre agriculture et sa propre industrie ; chaque individu