Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

priété foncière est très divisée dans cette partie de la France, et un grand nombre de paysans ne possèdent guère qu'un hectare par famille ou même moins. Il en résulte que dans trente villages autour de Nogent 5.000 hommes environ travaillent à la coutellerie, surtout à la coutellerie de choix (des couteaux artistiques se vendent à l'occasion jusqu'à 500 francs la pièce), tandis que la coutellerie commune se fait aux environs de Thiers (Puy-de-Dôme). L'industrie nogentaise s'est développée spontanément, sans aucune aide venue du dehors, et dans sa partie technique elle témoigne de progrès considérables[1].

À Thiers, on fabrique la coutellerie très bon marché. Ici, la division du travail, le bas prix des loyers pour les petits ateliers, dont la force motrice est fournie par la Durolle, ou s'obtient par de petits moteurs à gaz, les services rendus par un grand nombre de machines-outils, spécialement inventées pour ce travail, et la combinaison du travail mécanique avec le travail à la main ont permis d'atteindre à une remarquable perfection de la partie technique. Il est même douteux que le système des grandes fabriques puisse réaliser une économie de main-d'œuvre[2].

  1. Professeur Issaieff dans les Rapports de la Commission des petites industries (en russe : Trudy Kustarnoï Kommissii, volume V).
  2. Les couteaux sont vendus de 8 à 10 francs la grosse et les rasoirs 4 francs la grosse... « pour l'exportation ».