Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/392

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précèdent. Certes, je ne me berce pas de l'illusion qu'une réforme radicale de l'éducation, ou même une réforme limitée aux points signalés plus haut, puisse être réalisée, tant que les nations civilisées resteront attachées au système actuel de production et de consommation, système d'un égoïsme absurde par son étroitesse. Tout ce qu'on peut espérer, aussi longtemps que dureront les conditions actuelles, c'est de voir faire ici ou là, sur une petite échelle, quelques essais de réformes microscopiques, — tentatives qui, naturellement, donneront des résultats bien inférieurs à ceux que l'on comptera obtenir, à cause de l'impossibilité de faire des réformes sur une petite échelle, alors qu'un lien si intime existe entre les multiples fonctions d'une nation civilisée. Mais la puissance du génie constructif de la société dépend avant tout de la profondeur de sa conception des réformes à accomplir et des moyens d'y parvenir. Et la nécessité de refondre nos systèmes d'éducation est une des nécessités les plus universellement reconnues et les plus propres à inspirer à la société cet idéal, sans lequel la stagnation ou même la décadence sont inévitables.

Supposons donc qu'une communauté, — une cité ou un territoire peuplé de quelques millions d'habitants, — dispense l'éducation esquissée ci-dessus à tous ses enfants, sans distinction de naissance, — et nous sommes réellement assez