Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/393

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riches pour nous permettre ce luxe, — sans rien demander en retour aux enfants que ce qu'ils donneront quand ils seront devenus producteurs de richesses. Supposons qu'une telle éducation soit introduite et analysons-en les conséquences probables.

Je n'insisterai pas sur l'accroissement de richesses qui résulterait de la création d'une jeune armée de producteurs instruits et bien entraînés. Je ne veux pas non plus m'appesantir sur les avantages qui découleraient pour la société de l'effacement de cette distinction qu'on fait aujourd'hui entre travailleurs intellectuels et travailleurs manuels. Je ne dirai point combien cette réforme contribuerait au rétablissement de l'harmonie et de la concordance d'intérêts, dont le défaut se fait si péniblement sentir à notre époque de luttes sociales. Je ne m'attarderai pas à montrer que chaque individu se sentirait vivre d'une vie plus complète, s'il pouvait jouir à la fois de la plénitude de ses facultés intellectuelles et de ses forces physiques. Je ne signalerai pas non plus l'avantage qu'il y aurait à mettre le travail manuel à la place d'honneur qu'il devrait occuper dans la société, alors qu'il n'est à l'heure actuelle qu'une marque d'infériorité. Et enfin je n'insisterai pas sur cette conséquence inévitable de la réforme préconisée — la disparition de la misère et de la dégradation de l'être humain avec tout leur cortège : le vice, le crime, les prisons, la