Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/405

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— l'art prenant toujours la préséance sur la science, comme l'a si bien montré Helmholtz dans une de ses conférences populaires ; ce n'est que lorsque l'invention a été faite, que la science entre en jeu pour l'interpréter. Il est évident que toute invention profite des conquêtes antérieures et des méthodes éprouvées de la science. Mais dans la plupart des cas elle prend les devants sur ce qui est connu, elle fait un saut dans l'inconnu et ouvre à l'investigation scientifique tout un nouveau domaine de recherches. Ce caractère de l'invention, qui est d'accroître l'étendue des connaissances humaines, au lieu de se contenter d'appliquer des lois connues, permet de l'assimiler à la découverte, en tant qu'opération de l'esprit, et il en résulte que les gens lents à inventer sont aussi lents à découvrir.

Dans la plupart des cas, l'inventeur, bien qu'inspiré par l'état général de la science à un moment donné, ne part que d'un petit nombre de faits bien établis. Les faits scientifiques sur lesquels on s'est appuyé pour inventer la machine à vapeur ou le télégraphe, ou le phonographe, étaient extrêmement élémentaires. C'est pourquoi nous pouvons affirmer que ce que nous savons actuellement est déjà suffisant pour nous permettre de résoudre tous les grands problèmes qui sont à l'ordre du jour : moteurs marchant sans vapeur d'eau, emmagasinage de l'énergie, transmission de la force, machine