volante. Si ces problèmes ne sont pas encore résolus[1], la seule cause en est le manque de génie inventif, le trop petit nombre d'hommes instruits qui en sont doués, et le divorce actuel entre la science et l'industrie.
D'un côté nous avons des hommes doués de facultés inventives, mais qui n'ont ni l'éducation scientifique nécessaire, ni les moyens d'expérimenter pendant de longues années. Et d'autre part, nous avons des hommes instruits et bien outillés pour l'expérimentation, mais dépourvus de tout génie inventif à cause de leur éducation trop abstraite, trop scolastique, trop livresque, et du milieu où ils vivent[2]. Et je ne veux rien dire encore du système des brevets d'invention qui divise et éparpille les efforts au lieu de les combiner.
L'essor de génie, qui a caractérisé les ouvriers à l'aurore de la période industrielle moderne, a fait défaut chez nos savants officiels. Et il continuera d'en être ainsi, tant qu'ils resteront étrangers au monde, à la vie, plantés au milieu de leurs bouquins poudreux ; tant qu'ils ne deviendront pas eux-mêmes des ouvriers, travaillant
- ↑ Je laisse ces lignes comme elles furent écrites en 1898. Tous ces desiderata sont déjà devenus des faits accomplis.
- ↑ La même observation devrait être faite concernant les sociologues, surtout les économistes. Que sont l'immense majorité de ceux, même parmi les socialistes, qui étudient les livres et les systèmes, au lieu d'étudier les faits de la vie économique des nations ?