Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/470

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milliers de femmes sont employées à la fabrication de la passementerie. Mais à côté de la grande industrie les petites industries conservent une très grande importance. C'est ainsi que l'on avait d'abord la fabrication des rubans de soie qui en 1885 n'employait pas moins de 50.000 ouvriers, hommes et femmes. Dans les fabriques on ne comptait guère que trois ou quatre mille métiers. Les autres, dont le nombre s'élevait à douze ou quatorze cents, appartenaient aux ouvriers eux-mêmes de Saint-Étienne et des environs[1].

En général les femmes et les filles filent la soie ou la dévident, pendant que le père et ses fils tissent les rubans. J'ai vu dans les faubourgs de Saint-Étienne les petits ateliers où l'on fabriquait sur trois ou quatre métiers ces rubans compliqués où est tissée l'adresse de la manufacture, ainsi que des rubans d'un fini artistique remarquable, tandis que dans la pièce contiguë la femme préparait le dîner et s'occupait des soins du ménage.

Il fut un temps où les salaires furent élevés

  1. Je suis redevable des chiffres et des renseignements qui suivent à M. V. Euvert, Président de la Chambre de Commerce de Saint-Étienne, qui m'envoya, alors que j'étais à la prison de Clairvaux, en avril 1885, une excellente esquisse des différentes industries de la région, en réponse à une lettre que je lui avais adressée. Je profite de l'occasion pour exprimer à M. Euvert mes meilleurs remerciements pour son amabilité.