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Page:Krudener - Valerie.djvu/101

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instant s’agiter ; puis elle l’appela, et Valérie trouva une robe des plus élégantes ; elle arrivoit de Paris : c’étoit une galanterie du comte. Son coiffeur se trouva là aussi : on posa sur ses cheveux une guirlande de mauves bleues, dont la couleur alloit à merveille avec le blond de ses cheveux. Elle mit un bracelet enrichi de diamans, avec le portrait de sa mère, que le comte lui avoit donné. On m’appela pour me montrer tout cela, et je me disois, en voyant la comtesse passer d’une glace à l’autre et monter sur une chaise pour voir le bas de sa robe : « Elle a bien un peu plus de vanité que je ne croyois » ; mais je faisois grâce à cette légère imperfection en faveur du plaisir qu’elle lui donnoit. Elle étoit surtout enchantée de l’étonnement qu’elle alloit causer, puisqu’elle s’étoit récriée sur le désordre de sa toilette… Au moment où elle alloit jouir de son triomphe, Marie, qui l’habilloit, toussa ; le sang se porta à sa tête ; elle faisoit des efforts pour se débarrasser de quelque chose qui la tourmentoit à la gorge… Valérie, tout effrayée, lui demanda ce qu’elle avoit ; Marie lui dit qu’elle sentoit une épingle qu’elle avoit eu l’imprudence de mettre dans sa bouche, mais qu’elle espéroit que ce ne seroit rien. La comtesse pâlit, et l’embrassa pour lui cacher sa frayeur. Je courus chercher un chirurgien ; mais Valérie, tremblant qu’il ne tardât trop à venir et n’ayant point de voiture, avoit jeté sa guirlande, remis son chapeau, pris un fichu ; elle entraînoit Marie