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Page:Krudener - Valerie.djvu/104

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comme ce monsieur, pour vous avoir souhaité la bonne fête ? — Quel monsieur, mon petit ami ? — Mais celui qui est là ; regardez. » Elle m’entrevit, parut me deviner, et ses yeux s’arrêtèrent sur moi avec reconnoissance ; elle embrassa encore une fois l’enfant et lui dit : « Oui, je vous donnerai aussi du bonbon ; mais allez embrasser ce bon monsieur. » Avec quel ravissement je reçus dans mes bras cet enfant chéri ! Comme je posai mes lèvres à la place où Valérie avoit posé les siennes ! Mais comment te rendre, Ernest, ce que j’éprouvai en trouvant une larme sur la joue de l’enfant, en la sentant se mêler à tout mon être ! Il me sembla aussi repasser toute ma destinée ; cette larme me paroissoit la contenir tout entière. Oui, Valérie, tu ne peux m’envoyer, me donner que des larmes ; mais c’est dans ces témoignages de ta pitié que se retrancheront désormais mes plus douces jouissances.

Je laisse là ma lettre ; je suis trop affecté pour continuer.




LETTRE XX

Venise, le …

J’ai à te raconter encore, mon cher Ernest, tous les détails de la petite fête que je donnai à la comtesse ; il m’en est resté un souvenir qui ne s’effacera jamais. Je t’ai laissé avec toutes les émotions que